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La cuite sèche ou ivresse mentale

U.L.I.S.S.A

La cuite sèche est un phénomène encore peu connu et peu reconnu des milieux médicaux. Elle peut toucher les abstinents alcooliques sans crier gare et les plonger dans une terreur sans nom.

Enfin quoi ! Imaginez un abstinent qui, soudainement, semble en état d'ivresse. Perte d'équilibre, bouche pâteuse, propos décousus, balbutiements... Il a beau jurer qu'il n'a pas bu une goutte d'alcool, il est soumis aux regards suspicieux et accusateurs de son entourage, de ses proches. Plus il promet, plus ceux-ci doutent, le passé leur sautant au visage tel un diable jaillissant de sa boite. Serait-il revenu au temps du déni ? Ils peuvent même aller jusqu'à fouiller les endroits où le malade dissimulait à l'époque ses bouteilles.


Le malade se retrouve à devoir faire face de nouveau à un passé qu'il essaie, parfois depuis des années, de conjurer, à ses vieux démons, à la honte. Ce qui le conduit fatalement à des états de grande détresse, de nervosité aiguë, voire d'agressivité qui renforcent la conviction de ses proches. Il a rechuté. La rechute étant trop souvent ressentie comme un échec personnel, le malade abstinent se retrouve en danger de sombrer de nouveau dans la facilité.


Pourtant, il ne ment pas et n'a pas "fauté".


La cuite sèche survient en général peu de temps après le sevrage (entre le vingtième et le cinquantième jour). Mais le risque subsiste même après et des cas ont été signalés au-delà de vingt années de sobriété. Dans la plupart des cas, elle ne dure que quelque minutes, quelques heures, mais peut s'étendre sur plusieurs jours.


Certains psychologues émettent l'hypothèse que face à des périodes de stress intense, d'inquiétude, de dépression, le moi abstinent cherche à se protéger en faisant appel à son moi alcoolisé. Car n'oublions pas que l'alcool développe la production de dopamine, l'hormone du bonheur instantané. Le cerveau s'en souvient. C'est à vie et c'est comme cela. C'est donc naturellement qu'il fait appel au moi alcoolisé afin d'ériger une barrière de protection face à une situation qu'il ne parvient pas à gérer. On peut aussi parler de dissociation de la personnalité.


Si la cuite sèche peut être perçue comme salvatrice pour le malade abstinent, elle n'en demeure pas moins dangereuse et démontre la vulnérabilité de ce dernier sur un plan psychologique.


Rassurez-vous, la cuite sèche n'est pas une fatalité et ne touche pas tous les malades alcooliques abstinents, loin s'en faut. On peut même dire qu'elle reste plutôt rare.


Cependant, si vous ressentez les effets de l'ivresse alors que vous savez pertinemment que vous n'avez pas consommé, ne laissez pas la situation s'envenimer. Parlez-en de suite à vos proches et prenez contact avec un médecin ou une association.

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