Abstinent depuis bientôt deux ans et après près de quinze années d'alcoolisation à outrance, je souhaite témoigner ma gratitude à toutes les associations qui tentent d’aider au quotidien les alcoolodépendants. En effet, le rôle de ces dernières est indispensable dans la maladie alcoolique. Car il ne faut pas se leurrer. L’alcoolisme n’est pas une maladie tout à fait comme les autres. A l’inverse d’une grippe ou d’une gastro, il ne suffit pas de prendre une potion magique pour être guéri. Un alcoolique ne doit pas être passif mais acteur de sa “guérison”. D’ailleurs peut-on réellement guérir de l’alcoolisme? Dans un premier temps, celui de la dépendance, il est primordial de prendre conscience de son état et de réaliser que l’on est pas un cas unique et désespéré comme il est si facile de le croire. Se croire différent et s’isoler n’est qu’une supercherie dans laquelle nous enferme l’alcool. Les groupes de paroles nous permettent de partager nos expériences et nos ressentis. Et parce que nous pouvons nous reconnaître dans les mots de chacun, il nous est alors possible d’avancer et de commencer à cerner les origines de la maladie. L’étape du déni, du “je gère” est franchie. Il en va de même pour tous ceux qui ont déjà entrepris un parcours de soins et qui, de sevrages en sevrages, se retrouvent seuls face à leurs démons, à la honte d’être alcoolique, à la honte du mal qu’ils ont fait, dès leur sortie, et ce malgré la présence d’un entourage même bienveillant. La tentation de boire pour oublier devient omniprésente et presque salutaire. Chaque abstinent est passé par ces tourments. Comprendre l’alcool sans l’avoir vécu relève presque de l’impossible. Abstinent je le suis et veux le rester. Voilà pourquoi je crois aux groupes de paroles et au travail associatif. Parce qu’à travers eux il est possible de se réapproprier une identité. Et c’est la raison pour laquelle je crois qu’il est primordial de ne pas rester qu’un ancien alcoolique. Il y a trois personnes en moi. Le moi d’avant, le moi alcoolique et le moi qui se réinvente, conjugaison des deux premiers moi. Il m’est tout bonnement impossible de redevenir le moi d’avant, puisque celui-ci s’est noyé. Hors de question de boucler la boucle. A mes yeux, il est primordial que l’abstinence, l’après, soit festif. Il est vital que les abstinents puissent s’épanouir et apprécier leur nouvelle vie. L’abstinence ne doit pas être synonyme de perpétuels souvenirs et remords. Chaque jour nous franchissons des étapes. Chaque jour… Ensemble.
José
Bravo pour ton témoignage très touchant ,pour ta force de vaincre cette maladie,c’est pas une fatalité d’être alcoolique et tu es la preuve vivante que les personnes malades peuvent se sortir de la spirale de la dépendance. Bravo aussi de vouloir aider les autres et de t’impliquer autant dans notre association, c’est tout en ton honneur. Tu peux être fière de se que tu as accompli depuis presque 2 ans. Je t’embrasse